A Kinshasa, la production de la farine de manioc et de maïs repose largement sur les épaules des minotiers artisanaux. Ceux-ci exploitent des moulins installés dans les quartiers populaires, offrant ainsi un service rapide à leurs clients. Il se fait que ces travailleurs sont confrontés à des conditions de travail qui soulèvent de graves préoccupations en matière de sécurité et de santé.
C’est dans ce cadre que l’ONGD Futura Envi4ward a réalisé une importante étude sur l’environnement de travail des meuniers évoluant à Kinshasa. Ainsi, l’étude a eu pour thème, « Vers des normes de santé et sécurité au travail pour un environnement professionnel sain en République Démocratique du Congo : Étude de cas sur les meuniers de Kinshasa ».
En guise de sous-thème, la recherche a porté sur « Les enjeux réels de l’impact des particules fines et des bruits sur la santé des travailleurs congolais dans les entreprises cimentières, minières et portuaires ». Les résultats de cette recherche ont été présentés au public au cours d’une activité dénommée Journée Futura, le vendredi 03 Mai 2024, à l’immeuble Paul Panda Farnana (ex-Tembe na Tembe) de Kinshasa.
L’environnement de travail du meunier, une réalité méconnue…
Avec près de 15 millions d’habitants, Kinshasa est une ville grouillante de monde et marquée par une économie informelle diversifiée. Dans ce secteur informel, on trouve des travailleurs évoluant dans divers domaines et exposés à divers risques pour leur santé et leur sécurité.

Un meunier travaillant dans un marché de Kinshasa
Au quotidien, le travail du meunier consiste à broyer les céréales (maïs, blé, soja), des cossettes (manioc en général) et parfois des oléagineux (grains de soja). Naturellement, le processus de broyage génère beaucoup de poussière. De ce fait, les meuniers comme les clients sont exposés non seulement au bruit produit par le ronronnement des machines, mais aussi à la poussière générée par le broyage.
Ainsi, les travailleurs sont confrontés à des risques permanents d’exposition à des particules fines dans l’air. De ce fait, il se crée un environnement de travail poussiéreux et potentiellement toxique. En outre, les moulins électriques émettent un bruit continu et intense, exposant les minotiers à des niveaux sonores potentiellement dangereux. De plus, les moulins (électriques) utilisés pour la production sont souvent des installations anciennes et non conformes aux normes de sécurité électrique, exposant ainsi les utilisateurs à des risques de chocs électriques ou à des brûlures.
Des conditions de travail en dehors des normes acceptables…
En effet, le bruit généré par les machines peut atteindre 100 décibels, ce qui dépasse largement le seuil de 70 décibels (dB) recommandé par l’OMS pour préserver l’audition. Il va de soi qu’en l’absence de protections auditives adéquates, ces travailleurs sont vulnérables.
Sur le plan environnemental, les moulins consomment beaucoup d’électricité, ce qui contribue à la pollution atmosphérique et au réchauffement climatique. Les déchets générés par les moulins (eaux usées, résidus organiques) ne sont pas toujours bien gérés, ce qui entraîne des nuisances olfactives. Travailler dans ces conditions constitue un véritable danger pour les meuniers. Pourtant ceux-ci ont droit à la protection de l’Etat (Article 53 de la Constitution de la RDC).

Environnement de travail des meuniers de Kinshasa
Dans l’exercice de leurs fonctions, les meuniers ne bénéficient d’aucune protection sociale pouvant garantir leur bien-être. Cette situation soulève des préoccupations majeures quant aux conditions de travail des meuniers et aux conséquences à long terme sur leur santé ainsi que celle de la population environnante.
Face à ces problèmes, il est urgent d’agir pour protéger les meuniers et l’environnement. C’est dans ce cadre que se situe la présente étude sur les risques sanitaires et sociaux auxquels sont exposés les meuniers à Kinshasa.
Pour cela, l’étude a été réalisée à travers les communes de Lemba (marché de Mbanza-Lemba et Lemba terminus), Matete (Marché de Matete), Kasa-Vubu (Marché de Gambela), Ngaba (Marché du Ront-point Ngaba), Masina (Marché de Bitabe) et N’sele (Kinkole).
De la journée Futura
Il est à noter que les résultats de l’étude sur les conditions des meuniers ont été présentés au cours d’un atelier dénommé Journée Futura. Au cours de cette rencontre spéciale, une dizaine d’intervenants se sont succédés à la tribune.
Tout a commencé avec le mot de bienvenue de la Présidente de l’Ongd Futura Envi4-Ward, Professeure Sikulisimwa Pole Céline. Ce mot a été suivi du mot d’ouverture du Directeur général du Fonds de Solidarité pour la Santé, Dr. Mangala.
Par la suite, l’assistance a pu suivre les exposés suivants :
- Les aspects légaux du Code du travail congolais sur la santé et sécurité au travail, par Madame Feza Josée, Directeur au Ministère du Travail, Emploi et Prévoyance Sociale
- Environnement et Santé : un domaine méconnu en RDC, par Endieu Mananga
- La qualité de l’air, par le Professeur Mulumba Jean-Pierre (UPN)
- Qualité de l’air ambiant dans l’environnement du meunier, par Ir Emmanuel Kalemba
- L’environnement de travail, un déterminant de la santé des travailleurs, par la Professeure Sikulisimwa Pole Céline, Présidente de Futura Envi4-Ward
- Les Conventions de l’OIT sur la santé et sécurité au travail Mr Batchabi/ BIT-RDC
En définitive, cette activité a eu pour objectif global d’apporter la lumière sur les risques pour la santé des meuniers de Kinshasa.
A suivre…