La pollution de l’air peut toucher chacun d’entre nous et menace à la fois notre santé et notre climat. En effet, dans un environnement pollué, des particules minuscules et invisibles pénètrent profondément dans nos poumons, dans notre sang, bref, dans notre corps. Ces polluants sont responsables d’environ un tiers des décès par accident vasculaire cérébral, maladie respiratoire chronique et cancer du poumon, ainsi que d’un quart des décès par crise cardiaque. L’ozone troposphérique est également une cause d’asthme et de maladies respiratoires chroniques. Dans le cadre de la Journée internationale de l’air pur pour des ciels bleus, le laboratoire de recherche Think-Tank UNIKIN-UPN a publié les résultats de l’étude menée sur la qualité de l’air ambiant au voisinage de la décharge publique de Binza-Delvaux.
Samedi 7 septembre 2024, le monde a célébré la Journée internationale de l’air pur pour des ciels bleus. A Kinshasa, le Centre Interdiocésain de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) a abrité un atelier au titre très évocateur : La qualité de l’air au voisinage de la décharge sauvage de Binza-Delvaux : Etude des cas, conséquences sur la santé et l’environnement.
Organisée conjointement par la Commission pour les Ressources Naturelles de la CENCO (CERN-CENCO), le « Think-tank UNIKIN-UPN » et l’ONGD Futura Envi 4 Ward-asbl, cette activité a réuni des représentants du gouvernement, des responsables de l’Eglise, des autorités académiques, des professeurs d’université, des étudiants et une brochette de membres de la société civile.
La qualité de l’air autour de toutes les interventions…
Consacré à la question de la qualité de l’air ambiant, ce forum a eu pour temps fort la présentation des résultats de l’étude menée sur la qualité de l’air ambiant au voisinage de la décharge publique de Binza-Delvaux. Entre temps, plusieurs autres interventions ont entouré cette présentation. On peut noter pour cela :
- Le mot de bienvenue de la CENCO, par Mgr Donatien NSHOLE, Secrétaire Général de la CENCO
- Le mot de circonstance de la Professeure SIKULISIMWA Céline, Présidente de l’ONGD Futura Envi 4Ward-asbl et Coordinatrice du Think -tank UNIKIN-UPN
- Le mot de l’Autorité académique par la Rectrice de l’UPN, Professeure IBEBEKE Yvonne
- Le mot d’ouverture par le Représentant de la Ministre de l’Education nationale
- La qualité de l’air ambiant dans l’environnement du meunier, par Ir. Emmanuel KALEMBA/Ong Futura Envi4-a communication Ward, Think-Tank UNIKIN- UPN
- L’intervention de l’Assistant Marcel Mbaya sur la pollution de l’air
- L’intervention du Professeur MULUMBA Jean-Pierre, Coordonnateur adjoint du Think-Tank UNIKIN- UPN sur la qualité de l’air ambiant autour de la décharge de Delvaux
- La communication de la Professeure SIKULISIMWA Céline sur la trilogie Air -Eau -Sol
- Analyse de la qualité du sol des décharges, cas de CET Mpasa Dr MAVAKALA Bienvenu
- Crispin Ngoy en 2023, lors d’une étude menées sur les cours d’eau en contre-bas de la décharge.
- Qualité de l’air : quelle approche pour une sensibilisation efficace ? Mlle Jeanne-Marie ABANDA NJEKOLI, Secrétaire Exécutive de la CERN-CENCO
La Projection d’une vidéo produite par l’ONGD Futura Envi 4Ward-asbl sur décharges sauvages a constitué un de principaux moments forts de cette manifestation publique. Ceci a conduit l’assistance au cœur de la décharge sauvage de Binza-Delvaux.
Dans l’enfer de la décharge de Binza-Delvaux…

Une vue de la décharge sauvage de Binza-Delvaux
Depuis quelques années, il s’est créé à Binza-Delvaux, dans la commune de Ngaliema, un immense ravin appelé « Mataba ». Cette crevasse est consécutive à une érosion du sol survenue après une pluie diluvienne. Il s’est fait que ce ravin a été transformé en décharge publique sauvage. Au fil du temps, cette décharge sauvage est devenue un sérieux problème de santé publique pour la population de cette partie de la ville de Kinshasa.
En effet, chaque nuit, on assiste à un ballet des camions bennes de l’Hôtel de ville qui déversent des tonnes de déchets, témoignent les riverains. « Chaque nuit plus de 25 gros camions déversent dans le ravin de la concession Kimbanguiste d’à côté, les déchets ménagers issus de décharges publiques de tout Kinshasa », expliquent les habitants du coin.
Avec les déchets ménagers, médicaux, industriels et textiles qui y sont déversés, ce site est devenu aujourd’hui un canyon d’immondices où animaux et êtres humains se ruent chaque jour au milieu des détritus pour récupérer quelque chose. A quelques mètres de la décharge, se trouvent des écoles : Institut Bobokoli et Congautisme (une école pour enfants autistes). Il y a également la Maternité de Binza-Delvaux, une paroisse de l’église kimbanguiste et un marché public.

Vue de l’assistance à l’atelier du Centre Interdiocésain sur l’air pur
Un véritable problème de santé publique…
Il faut ajouter toute la population environnante au sein de laquelle on trouve des personnes risque et vulnérables, notamment les femmes enceintes, les nourrissons de la maternité, les élèves de deux écoles maternelles et primaires, d’une école pour enfants autistes. En plus, cette décharge est située en amont d’une vallée habitée et arrosée par la rivière Binza située en contrebas. Ainsi, les lixiviats qui sortent de la décharge vont rejoindre les nappes souterraines.
Comme si cela ne suffisait pas, des individus non identifiés mettent régulièrement le feu sur les déchets de cette décharge sauvage pour réduire le volume et limiter l’intensité des odeurs qui en émanent. Ainsi, la fumée qui s’en dégage pollue constamment l’air atmosphérique des environs.
La nuisance est telle que, la population respire ces mauvaises odeurs chaque jour 24H/24, et par ailleurs, est exposée à toutes sortes de risques liés à l’exposition aux polluants nocifs et dangereux.
A propos de l’étude du Think-Tank UNIKIN-UPN…
Face à l’ampleur du désastre, le « Think-Tank UNIKIN-UPN » a pris le problème à bras le corps. Pendant six mois, l’équipe des chercheurs de ce laboratoire de recherche a arpenté le quartier Binza-Delvaux dans le cadre d’une intense une activité de surveillance de la qualité de l’environnement. De Janvier à Juillet 2024, les chercheurs ont eu à passer au crible la qualité de l’air à l’intérieur des habitations. Il fallait ainsi évaluer la quantité des matières en suspension qui se déposent sur le sol. Ils se sont également employés à étudier la métrologie des eaux résiduaires issues de la décharge ( lixiviats).
Pour ce qui est de la surveillance de la qualité de l’air, cette étude a ciblé quelques sites, notamment l’Institut Bobokoli, la Maternité de Binza-Delvaux et 2 habitations des particuliers volontaires. A cet effet, des capteurs électroniques et physiques des particules ont été placés sur les sites sélectionnés.
Des résultats sans appel…
Après six mois de recherche, le « Think-tank » est arrivé aux résultats ci-après :
- Les émissions de la décharge provoquent des malaises auprès de 98,4% des répondants. En plus, une majorité de 43,3% ont qualifié d’extrêmement sévère le niveau de perception de cette pollution ;
- L’air qui est respiré à Binza-Delvaux renferme des métaux lourds (composés cancérigènes), des dioxines, dépassant largement les seuils de tolérance guides de l’OMS. Ceci est perceptible notamment au niveau des sites ciblés (Ecole, Maternité et habitations des privés).
- Les lixiviats émanant de la décharge sont chargés de métaux lourds. Ainsi, les nappes souterraines exploitées par des forages se trouvent également polluées. Il est à noter que 24% des personnes rencontrées dans le voisinage utilisent une eau d’origine souterraine.
Des mesures pour sauver les vies des générations présentes et futures…
En définitive, les résultats de cette étude exploratrice peuvent servir à la mise en place des stratégies de lutte contre la pollution de l’environnement adaptées à la population du quartier Djelo-Binza et comme étude de référence pour d’autres études sur la thématique traitée et constituent une alerte pour les autorités locales et un outil d’aide à la décision.
Pour le Think-Tank UNIKIN UPN, des mesures doivent être prises afin de sauver les vies des générations présentes et futures et l’environnement dont elles dépendent. La décharge de Delvaux, n’est qu’un exemple parmi tant d’autres qu’on peut retrouver dans la ville de Kinshasa. A la lumière de ces résultats, le Think-tank a recommandé la fermeture pure et simple de la décharge et des sanctions contre les responsables.
Ce laboratoire de préconise également une étude approfondie sur les populations en vue de détecter les problèmes de santé. Il recommande l’application des lois relatives à l’eau et à la protection de l’environnement. Pour cela, une loi sur la qualité de l’air devrait être promulguée. Pour terminer, le Think-Tank UNIKIN UPN appelle à l’organisation dans bref délai d’une campagne de sensibilisation sur la qualité de l’air et la santé. Il s’agira d’informer la population sur le danger de la pollution atmosphérique sur la santé.
La CENCO se lance dans le traitement des déchets…
Partie prenante dans l’organisation de ce forum, la Conférence Episcopale Nationale du Congo a annoncé son implication dans la question de la gestion des immondices. Selon la Sœur Jeanne-Marie ABANDA NJEKOLI, Secrétaire Exécutive de la CERN-CENCO, l’Eglise entend mutualiser les efforts avec tous les partenaires concernés par la question de l’éradication de la pollution.

La Coordonnatrice de Think-Tank UNIKI-UPN, la Rectrice de l’UPN et la Secrétaire Exécutive de CERN-CENCO
A ce sujet, l’Eglise compte sur ses 48 diocèses et sur les 1520 paroisses disséminées à travers le territoire national. Sur le plan opérationnel, la CENCO entend impliquer les Communautés ecclésiales vivantes (CEV) dans la création des sites de traitement des déchets. (…) « Là où il y a des déchets, Dieu n’est pas présent (…) Toutes les paroisses sont invitées à s’arrêter et à réfléchir sur la bonne gestion des ressources« , a indiqué la Secrétaire Exécutive de la CERN-CENCO.
Dorénavant, la CENCO va organiser un service d’environnement. De ce fait, les 16 journées mondiales dédiées aux questions environnementales feront désormais l’objet d’une mobilisation particulière de la part de l’Eglise. L’intervenante a cité notamment les journées internationales de la flore et de la faune (03 mars), des forêts (21 mars), de l’eau (22 mars), de l’agriculture (25 mars). A propos de la journée de l’agriculture, la Sœur Jeanne-Marie ABANDA NJEKOLI n’a pas manqué de relever que celle-ci coïncide avec la période du carême catholique.
Pour plus d’infos, cliquez ici: https://youtu.be/CQyUirus5P8